« Casamance » – Jacques Chantereau – 1

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Jacques Chantereau, membre de notre association, nous envoie la première partie d’une série de photos de Casamance en 1973.

Volontaire du Service National (VSN) en Casamance en 1973
I – Séfa et son proche environnementCapture
J’ai passé toute l’année 1973 comme VSN à Séfa qui était une petite station agronomique de brousse en moyenne Casamance au Sénégal. Les conditions
spartiates d’existence et l’isolement ne m’ont pas pesé tant cette région était calme et envoutante avec ses paysages si particuliers. Un fleuve majestueux,
la Casamance, traverse la région en tissant avec ses affluents un entrelacs de cours d’eau favorisant une luxuriance végétale et animale non exempte de
dangers. En fin de course, les bras du delta interpénétrés par l’océan génèrent un monde mouvant et inquiétant d’îles, de marécages et de mangroves. Les
hommes y trouvent leur place en tirant parti d’une nature finalement peu propice à leurs activités. J’ai rapporté de mon séjour des photos qui donnent une
idée de cette région en 1973, alors paisible et ouverte, avant que l’insécurité ne s’y installe. Les images en noir et blanc ont un caractère suranné qui
accentue le rendu nostalgique d’une Casamance alors préservée de l’agitation du monde.

La station de Séfa

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La station construite au début des années 50 était bien tenue avec de l’électricité quelques heures par jour. La photo de gauche montre les bureaux et celle
de droite, la popotte des VSN que je partageais avec trois collègues. On peut voir l’aménagement du toit qui favorisait la circulation d’air et entretenait une
certaine fraîcheur à l’intérieur de cette habitation coloniale bien conçue.

La Casamance

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La Casamance était proche de la station de Séfa. Nous y allions parfois pour admirer le panorama fluvial.

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Les rives de la Casamance étaient généralement d’accès difficile. Le fleuve abritait encore des crocodiles et des hippopotames qui sortaient la nuit. Personnellement, je n’en ai jamais vu. Sur la photo de droite, on distingue la rive gauche de la Casamance. Pour moi, c’était une terre inconnue et mystérieuse, proche de la frontière de la Guinée-Bissau alors en guerre pour son indépendance.

La base-vie de Séfa

L’histoire de la station agronomique de Séfa n’est pas banale. Celle-ci avait été créée pour venir en appui à un projet pharaonique de culture mécanisée de l’arachide lancé à la fin de la guerre pour alimenter la métropole en produits oléicoles. Des milliers d’hectares de la forêt casamançaise avaient été défrichés aux Caterpillars et avec la chaine du paquebot Normandie. La zone était alors peu peuplée car infestée de moustiques, de mouches tsé-tsé et de serpents. A partir de 1948 et dans les années 50, une base–vie pour les cadres du projet a été établie de toutes pièces sur une des rares zones rocheuses des bords de la Casamance.
En 1973, ce n’était plus qu’une ville fantôme que la végétation réinvestissait comme on le voit sur la photo. Plusieurs écrivains dont l’agronome René Dumont ont rendu compte de cette aventure.

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Une habitation de la base-vie de Séfa en proie à l’envahissement végétal.

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Le « port » de la base-vie de Séfa. Au centre droit de la photo, on aperçoit, en surplomb de la rive, les murs d’enceinte de la maison du chef du projet.

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Des milliers d’hectares avaient été défrichés autour de Séfa pour la culture de l’arachide. L’opération a connu bien des difficultés à cause de la trop grande abondance des pluies (difficulté à utiliser les engins motorisés, forte érosion) et des coûts de production. En 1973, un projet hollando-américain a essayé de reprendre les parcelles défrichées pour une culture mécanisée du maïs. On voit, ici, un essai de labour en début de saison des pluies. Comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, ce nouveau projet n’a pas été rentable.

La ville de Sédhiou

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La ville de Sédhiou est située à une vingtaine de km de la station de Séfa.
C’était une agglomération somnolente qui perdait le souvenir de son importance passée. Elle avait été la capitale de la Casamance à la fin du XIXe siècle. Ici, la photo présente le fort Pinet-Laprade construit à Sédhiou de 1838 à 1844 par les Français qui en avait fait la
base de leur pénétration en Casamance.

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La grande mosquée de Sédhiou construite dans les années 1920. Les « minarets » ont une allure de clocher d’église. Ils ont peut-être été inspirés par le clocher de la basilique d’Ainay à Lyon.

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Le grand marché de Sédhiou. Son animation n’avait rien de bruyant et de coloré.

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