Le fétichisme des indigènes occidentaux
L’atelier de Bernard Martel sur les terres cuites africaines a déclenché une rafale d’échanges par mails entre les participants sur différents objets qui posaient question. Chantal Pasquet, membre de DDM, nous livre aujourd’hui un article sur ce même thème.
Pour clore l’atelier sur les terres cuites africaines qui s’est tenu chez notre ami Bernard Martel, juste avant cette peste de Covid-19, je vous propose une courte fantaisie, un peu décalée.
Nos étagères de bibliothèque croulent sous les ouvrages des experts en Art et Culture des Ailleurs, chroniqueurs religieux, civils ou militaires plus ou moins bienveillants, ethnologues plus ou moins eurocentrés, historiens plus ou moins arabisants (ah les sources !!), photographes plus ou moins exotisants, musées plus ou moins esthétisants, passeurs d’artéfacts plus ou moins renommés, etc… Cà en fait du monde qui s’évertue à nous instruire, à nous former l’œil (là on ne nait pas tous égaux, les astigmates avec leur œil en ballon de rugby ont une vue déformée par rapport à la norme qui le veut en ballon rond …), à nous alerter sur les pièges que de perfides individus nous tendent avec leurs « faux ».
Voilà, Le mot est lâché, le pire des maux. ! Aucun danger que je ne discoure sur la définition d’une « bonne pièce », parce que j’en suis incapable, que cela a été fait fort brillamment par ailleurs, et que chacun a son opinion sur le sujet.
Cependant on peut poser un autre regard sur des objets de qualité, certes atypiques, telle la collection de « Poteries africaines figurées modernes », réunie par Colette et Philippe Brissaud, dont la singularité et l’extravagance m’ont séduite. Passionnés par les arts du feu, ils ont sélectionné pendant plus de trente ans, en France auprès de marchands africains principalement camerounais, plusieurs centaines de pièces, avec pour seul et unique critère l’émotion esthétique devant un objet de grande qualité, sans jamais s’inquiéter d’une prétendue ancienneté.

Anthropomorphes ou zoomorphes, Mangbetu, Manbila, Kaka, Mfunte, Yoruba, Tikar, Mama, etc.., dans la folie de leurs formes insensées, de leurs ventres enflés à en éclater, de leurs gueules énormes plantées de dents menaçantes ou secourables pour recevoir la médecine salvatrice, hiératiques à califourchon sur la sphère-monde, empilées les unes sur les autres dans un improbable numéro d’équilibriste, emperlées ou non, lisses ou rugueuses, toujours pétries de main de maître, elles déconcertent , réjouissent et bousculent les codes.
Laissons la parole à Philippe Brissaud : «Il ne s’agit pas plus d’art colon que d’art d’aéroport, mais d’Art à part entière…. La rigidité de la définition de l’art africain authentique interdit, de fait, une existence honorable aux productions artistiques plus ou moins modernes s’inscrivant délibérément dans les concepts figuratifs traditionnels».
Je vous propose de promener un regard non conventionnel sur quelques-unes d’entre elles, extraites du catalogue édité chez Actes Sud à l’occasion de l’exposition « Poteries africaines figurées modernes » qui s’est tenue au Musée de Soissons en 2008.
![]() |
![]() |
2-. Mumuye 82 cm – © Collection Brissaud | 3-. Manbila 64 cm – © Collection Brissaud |
![]() |
![]() |
4-. Mangbetu 60cm – © Collection Brissaud | 5-. Kaka 64cm – © Collection Brissaud |
![]() |
![]() |
6-. Mangbetu 46cm – © Collection Brissaud | 7-. Mambila 59 cm – © Collection Brissaud |
![]() |
![]() |
8-. Nord-ouest Cameroun 40 cm – © Col. Brissaud | 9-. Tikar 65cm – © Collection Brissaud |
![]() |
![]() |
10 -. Bamiléké, inspiration Batcham, 43 cm – © Col. Brissaud | 11-. Mfunte 60cm – © Collection Brissaud |
![]() |
![]() |
12-. Tikar 64cm – © Collection Brissaud | 13 -. Yoruba 47cm – © Collection Brissaud |
Les articles ne sont pas signés ?
J’aimeJ’aime
Bonjour DDM, Merci beaucoup !! Take care, bon courage, patience… Très amicalement Laurence
J’aimeJ’aime