Chez les KOMA
Christian Travers a prévu encore deux sujets pour présenter des ethnies du peuple éthiopien mais, après la belle et intéressante contribution de Julien Flack sur les mumuyé voisins des koma (voir 26 avril 2020 dans la catégorie Actualités des membres), il nous livre un sujet sur les koma.
Cette population vit près de la rivière Bénoué, au Cameroun, de l’autre côté de la frontière et des monts Alantika mais il n’a vu ni fétiches ni statuettes, en revanche les villages possèdent de très belles poteries…
Les KOMA vivent dans les monts Alantika à la frontière du Cameroun et du Nigéria à mi-distance de l’océan Atlantique et du lac Tchad, à la hauteur de la ville de N’Gaoundéré, près de la réserve du Faro. L’appellation péjorative Koma a été donnée par leurs voisins Chambas et elle signifie « sauvages ».
Leurs villages, situés sur les crêtes sont très isolés. Ils ne peuvent être atteints qu’après de nombreuses heures de marche et au cours de nos périples nous n’avons pas rencontré peuple plus démuni. Pourchassés de longue date par les peulhs islamisés ils se sont réfugiés dans la montagne et sont restés résolument animistes.
On distingue chez ce peuple trois groupes autonomes, les Guené, les Gumbé et les Goonu dont les langues diffèrent au point qu’ils ne se comprennent pas entre eux.
Les hommes accompagnent les femmes dans le travail des champs et se livrent à la chasse à l’arc. La récolte de mil puis le battage au fléau se pratiquent au coeur de l’hiver et nous avons été au cours de notre passage invités à une fête donnée par le village qui avait réalisé la meilleure récolte. La bière de mil coulait à flots et les tambours accompagnaient les danses.
Les Koma fabriquent eux-mêmes leurs outils, principalement des haches et de houes mais aussi de remarquables poteries.
Les familles se regroupent dans plusieurs huttes circulaires en argile avec un toit conique en paille. Il y a généralement une hutte pour les parents, une pour les enfants, une cuisine, et une autre construction pour les animaux, s’il y en a.
Les femmes portent par devant et par derrière un cache sexe en branchage de kaïsedrat que l’on s’efforce de maintenir frais en le remplaçant tous les deux ou trois jours.
L’initiation des garçons débute par la circoncision dès l’âge de 12 ans et jusqu’à l’âge de 20 ans de nombreuse épreuves les attendent. Chez les filles l’arrachage de deux incisives de la mâchoire supérieure est une obligation. Elle conditionne la possibilité d’un mariage.
A l’occasion des rituels et des danses sacrées le sorcier-guérisseur, qui a alors absorbé une décoction gardée secrète de feuilles bouillies se livre à une série de pets qu’il délivre en rafales à plusieurs reprises ce qui déclenche les rires de l’assemblée. Il porte alors un étui pénien spectaculaire constitué d’une queue de calebasse et joue le rôle d’un bouffon.
Les squelettes des ancêtres sont conservés dans des jarres de terre cuite et le sorcier-guérisseur les exhume périodiquement afin de les laver et les purifier à la bière de mil.
Vraiment précieux d’avoir des photos commentées. Un grand merci !
J’aimeJ’aime