Pour quitter l’Ethiopie, Christian Travers nous entraîne dans la fête du TIMKAT célèbre pèlerinage qu’il a photographié en 2006
La fête du TIMKAT à Lalibela et Gondar :
Photos (janvier 2006) et texte de Christian Travers
Dans toute l’Ethiopie, début janvier, est célébrée la plus importante fête d’Ethiopie. C’est la fête du Timkat, celle du baptême du Christ dans le Jourdain par Jean Baptiste. C’est aussi selon certaines traditions, celle de la naissance du Christ ou celle de l’adoration de Jésus par les Mages, celle aussi de la présentation du Fils au Père : le moment où l’esprit de Dieu, tel une colombe vint à lui, celui où Dieu son père se manifesta. Que l’on célèbre souvent le 6 janvier ou le premier dimanche qui suit sous le nom d’Epiphanie.
C’est un peu flou, mais ce qui est certain c’est que cette célébration spectaculaire a été inscrite par l’Unesco en 2019 au Patrimoine immatériel de l’Humanité.
Nous avons assisté à cet événement à Lalibela et à Gondar. Lalibela est une petite ville située à 2600 m d’altitude, à 700 km au nord de Addis -Abeba qui a été fondée par le roi Lalibela en raison des risques croissants que rencontraient les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem. Après la prise de la ville sainte par Saladin en 1187, c’en était trop ! Le roi décida de construire dans les montagnes du Lasta une seconde Jérusalem. En quelques décennies, avec l’aide des Anges, dit-on, treize églises sortirent de terre ou plutôt furent taillées et creusées à même le roc de part et d’autre d’une rivière qu’on appela le Jourdain.
La fête du Timkat c’est, en tous lieux, une immense procession où les prêtres et leurs assistants sortent des répliques de l’Arche d’alliance (tabot en langue Amharique). La « vraie » Arche d’alliance est détenue à Aksoum (Axum) dans l’église Sainte Marie de Sion et des archéologues pointilleux s’interrogent à ce sujet. L’histoire mérite d’être contée : Il y a près de 25 siècles, la très belle reine de Saba éblouie par la puissance et la sagesse du roi Salomon « conçut un si vif désir de le voir, d’après tout ce qu’on racontait, qu’elle se rendit auprès de lui ». L’éblouissement devint enflammé et fut réciproque. Si bien que quand elle revint en son pays elle était enceinte. C’est son fils Ménélik qui devint le premier empereur d’Ethiopie. Longtemps après sa naissance il revint au royaume d’Israël pour parfaire ses études et c’est quand il revint qu’il vola avec ses compagnons l’Arche d’alliance qui n’est rien d’autre que le coffre destiné à recueillir les tables de la Loi remise par Dieu à Moïse. Certains affirment qu’il s’agit en fait d’une copie délivrée par un grand prêtre de Jérusalem. Mais cela s’est passé il y a longtemps et nous ne disposons pas de témoins oculaires.
Nous avons donc visité les églises de Lalibela, et été impressionnés par la ferveur des fidèles de cette église orthodoxe longtemps rattachée au Patriarche d’Alexandrie qui est devenue indépendante en 1959 . Nous avons assisté aux processions et aux baptêmes dans la ville plus importante de Gondar qui fut l’une des capitales de l’empire éthiopien. A cette occasion beaucoup de fidèles sont habillés de blanc, de superbes parasols multicolores brodés d’or viennent protéger les prêtres et les tabots du soleil et des pluies improbables, la mélopée des prêtres et du public vient au son des tambours et des sistres rythmer les danses. Et après que les prêtres aient aspergé les fidèles d’eau bénite quelques jeunes hommes plongent dans le bassin de Fasilidas qui voisine avec le château qu’il a construit.