Dernier envoi de nos amis Amélie et David Godreuil membres de notre association, grands collecteur et marchande d’art d’Océanie.
D’une maison commune à l’autre : destin d’un masque de pignon
Sur les berges du fleuve Sépik dans le nord de la Papouasie Nouvelle Guinée, la maison des hommes ou « Haus Tambaran » en pidgin*, est un lieu hautement symbolique, érigé sur la place centrale du village. Cette case majestueuse posée au cœur de la tribu respire au rythme des palabres, des singsings, des cérémonies d’initiation ou fêtes de l’igname.
Si les poteaux et poutres de soutènement sont associés à la force masculine, l’intérieur de cette imposante case sur pilotis symbolise le ventre nourricier de la femme primordiale. Deux immenses masques de pignons placés au niveau des entrées principales représentent la tête de cette maison commune, lieu sacré, personnifié, à qui l’on attribue un nom propre.
Comme tout « être vivant », il est communément admis par la tribu que la maison des hommes n’est pas intemporelle. Le climat, le taux d’humidité ambiant, les matériaux utilisés, impliquent une existence comprise entre 15 et 25 ans : une génération en somme… Le projet communautaire de l’édification d’une nouvelle « Haus Tambaran » est motivé par l’absolue nécessité d’offrir aux ancêtres des différents clans de la tribu, un lieu de culte digne de leur rang.
La construction d’un nouvel édifice peut-être le moment d’acquérir des éléments constitutifs de l’ancienne maison des hommes. Nous avons attendu 10 ans avant d’obtenir l’acceptation unanime de la communauté qui imposait une cérémonie de désacralisation préalable pour pouvoir acquérir un masque de qualité et de taille exceptionnelles dans le village de Kanangara (région Blackwater).
Pour notre plus grand bonheur, ce masque de 305 x 215 cm, que nous avions photographié in situ en 2008, a trouvé place dans sa nouvelle maison commune ; il est aujourd’hui exposé dans les collections permanentes du musée des Confluences à Lyon.
A bientôt pour un nouvel épisode.
Amélie et David Godreuil
* : Langue véhiculaire simplifiée créée sur le vocabulaire et certaines structures de diverses langues de base généralement européennes
Case de cérémonie du village de Kanangara photographiée en 2008. L’une des deux facades de la « Haus Tambaran » avec son immense masque de pignon protégé par son auvent en fibres
Les éléments naturels constituant le toit de cette maison commune montraient déjà quelques signes de fragilité en 2008.
L’attente . Une fois la case mise à terre pour cause de délabrement, et suite à une cérémonie rituelle de désacralisation, le masque a été mis de coté dans une case à notre attention.
Transport en pirogue. La logistique de transport d’une telle pièce est complexe. Pirogue et camion sur piste ont été nécessaires pour le ramener à Wewak (sur la côte nord), lieu de mise en container.
Pièce d’exception. Après 3 mois de transport maritime, ce masque en vannerie, bois et pigments naturels, arrive enfin en Bretagne.
Installation du masque au Musée des Confluences à Lyon. Ce masque de pignon a été installé le 16 décembre 2019 dans les murs du musée des confluences à Lyon et fait dorénavant partie des expositions permanentes.
Aujourd’hui exposé dans sa nouvelle maison commune … Placé dans un espace liant les expositions temporaires, gageons que ce masque garde sa symbolique de protection maternelle, regard résolument tourné vers l’avenir dans ce musée « aux confluences » de la diversité culturelle.
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Galerie de terrain
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06 78 14 34 96
godreuildavid@yahoo.fr
Un immense Bravo! Félicitations! et un grand merci.
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