Le Tapa : Un savoir faire ancestral

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Suite des articles d’Amélie et David Godreuil :

L’Art Océanien, un art vivant  : Episode 3

Le Tapa : Un savoir faire ancestral.

L’acquisition récente d’un lot de tapa collectés dans les années 60 par un Breton militaire nous incite à vous proposer un focus sur ces incroyables étoffes végétales
Le tapa est une étoffe végétale non tissée obtenue après rouissage et battage de l’écorce interne ou « liber » de certaines essences d’arbres ou d’arbustes de la famille des Moracées principalement .
Bien que certains ficus*, l’arbre à pain (Artocarpus Altilis), l’arbre d’Ako (Antiaris Toxicaria), voir certains palétuviers soient également utilisés, le mûrier à papier (Broussonetia Papyrifera), originaire d’Asie du Sud Est et probablement introduit en Océanie il y a environ 3 500 ans, reste l’essence privilégiée dans tout le pacifique pour la qualité de l’étoffe qu’il produit (grande souplesse, douceur au toucher, blancheur).
Facile à transporter, ces étoffes des mers du sud furent probablement dans les premiers objets de curiosité exotiques ramenés en Europe. Le capitaine Cook en collecta dès son premier voyage dans le Pacifique (1768-1771).
Ce savoir faire ancestral a su résister à l’introduction des tissus européens grâce à la pugnacité de certaines tribus et autres passionnés(ées). Sa fabrication n’en reste pas moins extrêmement fastidieuse (voir « en savoir plus »).
Exclusivement confectionnée à partir d’écorce, matière naturelle biodégradable, avec une technique de fabrication sans impact sur notre planète, cette étoffe intemporelle mérite bien que nous nous y intéressions !
Le tapa garde une très forte charge symbolique dans tout le Pacifique sud. Outre son utilisation dans la confection de vêtements de cérémonie ou d’étoffes du quotidien (pagnes, ceintures, turbans, tapis de cérémonies, capes de pluies, moustiquaires, linceul, tentures de séparation, couvre lits etc…) il est avant tout une monnaie d’échange de prestige toujours utilisée lors des cérémonies rituelles (mariages, enterrements, réunions officielles, accords importants…)
Savamment décorés de motifs complexes propres à chaque clan, sa difficulté de fabrication et sa forte implication communautaire en font un bien précieux qui s’échange, se porte et s’offre encore de nos jours.
De passionnants ouvrages consacrés au Tapa décrivent avec précision les nombreuses étapes de fabrication, les utilisations et la symbolique primordiale et ancestrale de cette « étoffe des origines » qui a su braver le temps.
A bientôt pour un nouvel épisode.
David & Amélie Godreuil.

* Ficus comme les Figuiers, dont notamment le banian « Ficus Prolixa » surtout utilisé en Papouasie Nouvelle Guinée et Nouvelle Calédonie car plus résistant et imperméable.

EN SAVOIR PLUS

Après le pelage de l’écorce de l’essence choisie, seul le liber (écorce interne) est conservé. Les restes d’impuretés d’écorce ligneuse étaient raclés avec l’aide d’un coquillage ou d’un racloir en pierre (silex), plutôt d’un couteau de nos jours. La bande étroite ainsi obtenue (souvent moins de 10 cm de large pour du mûrier à papier) sera ensuite mis à rouir quelques jours avant d’être placée sur une enclume pour être battue à l’aide d’un maillet ou battoir à tapa.

Ces maillets en bois dur ou en pierre appelés Ike ou Paoi, souvent de forme ronde en Mélanésie et quadrangulaire en Polynésie, présentent des rainures longitudinales qui écrasent la fibre et l’assouplissent pour obtenir des lés de trente à soixante centimètres environ.

Afin d’obtenir la taille voulue, ces morceaux de tapa pourront ensuite être assemblés les uns aux autres par feutrage (assemblage de lés humides en superpositions et en les frappant ensemble pour imbriquer les fibres entre elles) ou par encollage avec des colles naturelles issues de racines ou de fruits mûrs. Certaines étoffes cérémonielles auraient atteint les 100 mètres de long… (mariage de la princesse Pilolevu à Tonga en 1976).

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Photo des pages 12 et 13 du livre « TAPA, écorces et décors d’Océanie », Musée de Nouvelle Calédonie, 2001
 

Quelques livres de références :

 

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Tapa. Ecorces et décors d’Océanie. Ed. Musée de Nouvelle-Calédonie 2001
Tapa-charleux
Tapa. De l’écorce à l’étoffe, art millénaire d’Océanie, de l’Asie du Sud-Est à la Polynésie orientale. Sous la direction de Michel Charleux. Ed. Somogy, 2017
tapa-meyer
Tapa, étoffe d’écorce d’Océanie. Pascal Cusenier, Ed. Galerie J.P. Meyer 1998. Disponible en ligne.
tapa-anati
L’art du Tapa. Etoffe pour les Dieux. Etoffe pour les Hommes. Emmanuel Anati. Ed. L’Insolite, 2005

Artifact
Site Artifact
Galerie de terrain
22700  Louannec
06 78 14 34 96
godreuildavid@yahoo.fr
Photo 1 : © David et Amélie Godreuil

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