L’Afrique, l’Océanie, il faut en sortir de temps en temps…L’Amérique aussi a ses peuples aux multiples visages et coutumes. Aussi laissons-nous dépayser pour notre retour de vacances par cet envoi de Jean-François Demont, d’autant plus que ses Notes équatoriennes sont bien d’actualité et contiennent un message d’espoir.
On pourrait croire en regardant ces images que les personnes qui y figurent se préservent du Covid 19 avec les moyens du bord.
Il n’en est rien.
Ces photos ont été prises en 2012 à une époque où le monde ignorait encore l’existence du virus couronné et de ses mortelles conséquences.
Nous sommes en Equateur, pas celui de la luxuriante forêt amazonienne, non, celui des hauts plateaux andins de la Cordillère centrale.
Il y fait froid, même au cœur de l’été, l’oxygène est rare et l’humidité permanente. Alors, traditionnellement, on s’emmitoufle et on se protège le visage.
On est ici à Zimbahua, une petite localité où le marché coloré attire les villageois de toute la région qui tentent d’y écouler leur petite récolte et d’y faire quelques emplettes
Ce n’est pas par vocation que les indiens Quechua cultivent une terre ingrate à cette altitude – on dépasse les 3000 mètres – .
Les colonisateurs espagnols ont fait main basse au cours des siècles sur les terres fertiles de la vallée et de la moyenne montagne. Il a donc fallu monter plus haut, toujours plus haut, pour cultiver ces quelques arpents rocailleux, survivre et nourrir sa famille. Encore plus haut, il n’y a plus que la solitude glacée où, si l’on a de la chance, on surprendra peut-être, entre deux sommets venteux, le vol majestueux du condor.
En ce jour de marché, les villageoises ont revêtu leur plus beau châle et sont coiffées du traditionnel et emblématique chapeau de feutre, soigneusement protégé des intempéries par un film plastique. Il est un bien si précieux.
Ici, on a la sainte horreur du photographe, non plus tellement par crainte de l’objectif voleur d’âmes, mais plutôt parce que l’on déteste le touriste qui, disposant d’une demi-heure chrono pour parcourir ce marché si pittoresque, s’en vient mitrailler les gens sous leur nez pour repartir aussitôt dans le confort climatisé de son autocar et ce, sans avoir fait le moindre achat.
Ici, si l’on est pauvre, on en n’est pas moins fier et il arrive que la confrontation dégénère. Plus bas, dans la vallée, on se montre moins intransigeant vis-à-vis de la caméra intrusive, et si l’on cherche à s’en protéger, c’est parfois avec humour.
Dans ces communautés, ce sont les femmes qui jouent un rôle majeur. Elles travaillent dur et contribuent pour l’essentiel à la subsistance de leur famille.
Elles peuvent aussi être des guérisseuses respectées.
Habitant au pied de volcans meurtriers, elles connaissent la fragilité de la vie et, si l’occasion se présente de faire la fête, elles y participent avec entrain.
De retour au village, après souvent des marches interminables, elles tombent de fatigue et il n’est pas rare de croiser sur le bord de la route, des femmes assises à même le trottoir et que le sommeil a soudain terrassées.
Sur les murs de la capitale, Quito, on peut lire quelques revendications vengeresses de ces femmes courageuses qui aspirent, dans une société encore patriarcale, à une plus juste reconnaissance de leur rôle.
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