Continuons avec Christian Travers son périple en plusieurs étapes en Afrique de l’est.
Les Maassaï de Tanzanie : Photos (septembre 2019) et texte Christian Travers
Les Maassaï sont un peuple d’éleveurs, chasseurs et guerriers à l’occasion. Gardiens scrupuleux de leur coutume, ils se refusent à toute assimilation. Ils se répartissent de part et d’autre de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie et on estime leur population à 800 000 personnes : 500 000 au sud du Kenya et 300 000 au nord de la Tanzanie. Ce sont des pasteurs nomades dont le savoir-faire est universellement reconnu. Leur économie est fragilisée par la réduction de leur territoire imposée naguère par les colons et aujourd’hui par la création des réserves naturelles et la désertification. Ils subissent également la pression démographique exercée par les populations agricoles voisines. Ils élèvent des bovins, qui leur fournissent l’essentiel : le lait, le sang, la viande et la peau et c’est leur monnaie d’échange pour obtenir des produits agricoles. Ils élèvent aussi des chèvres et des moutons mais ces animaux ne peuvent approcher du statut éminent qu’ils accordent au bétail. Malgré l’abondance des vaches, qui confère le statut social la viande n’est consommée qu’à l’occasion des fêtes et des cérémonies. La nourriture de base est un porridge à base de farine de maïs.
La société est patriarcale, patrilinéaire et hiérarchisée selon les étapes de la vie qui sont marquées. Ils ne se reconnaissent pas de chef. Celui-ci est remplacé par le conseil des anciens. Il veille au respect des coutumes et règle les litiges communautaires.
Les garçons sont circoncis et les filles excisées à l’occasion de cérémonies qui ne regardent que les hommes ou que les femmes. Le père de famille, qui est fréquemment polygame, prend les principales décisions à l’exception de la construction de la case qui incombe à la femme et dont elle garde la propriété en cas de séparation. L’abondance de la progéniture aussi bien que celle du bétail est un marqueur social.
Les hommes se marient tard et souvent, successivement avec plusieurs femmes beaucoup plus jeunes. Le remariage est rare et il y a de nombreuses veuves en difficulté car elles n’ont pas le droit d’hériter. Cependant la liberté sexuelle est très grande chez le maassaï et les jeunes filles peuvent choisir des partenaires dès leur puberté.
Les boma qui regroupent les huttes des membres du même clan sont encerclées par des broussailles épineuses afin de décourager la pénétration des bêtes sauvages. Les cases offrent toutes une façade extérieure continue pour améliorer la protection et la seule porte, étroite, est tournée vers l’intérieur du boma. La structure de la construction est constituée de branchages assemblés recouverts d’argile, de paille et de bouses de vaches mélangées. Au centre des enclos enferment pour la nuit le bétail, par catégories.
Les femmes ont souvent les deux dents centrales de la mâchoire inférieure arrachées. Elles ont la tête rasée pour mettre en valeur la finesse de leurs traits et attirer l’attention sur la beauté de leurs bijoux et en particulier de leurs colliers caractéristiques et somptueux qu’elles portent superposés. Les perles bleues évoquent Dieu car il habite le ciel. Les perles vertes représentent la végétation après la pluie. Elles portent aussi des boucles d’oreilles qui leurs déforment les lobes et des bracelets de perles aux avant-bras et aux chevilles
Les hommes portent le shuka traditionnel, une étole de couleur rouge et noire et ne quittent jamais leur bâton.
C’est donc le même peuple en Tanzanie et au Kenya. Sans doute peut-on observer cependant qu’en raison d’un tourisme moins élevé les coutumes ont été mieux préservées en Tanzanie.
Il faut signaler aussi que près du mont Mérou, au nord, il existe des mines de tanzanite, une pierre bleue aux reflets violets, qui apportent des ressources non négligeables au pays.
On récolte également le sel au lac Natron et cela constitue pour cette région aride et inhospitalière une manne inespérée.
C’est aussi près du lac Natron que se trouve le volcan Ol Doinyo Lengaï , au profil parfait, qui est la montagne sacrée des maassï . C’est là que réside le dieu Enkaï. On raconte que celui-ci qui avait trois fils leur fit trois dons. Au premier il donna une flèche pour la chasse, au second il offrit une houe pour cultiver la terre et au troisième un bâton pour mener les troupeaux.









