AFGHANISTAN – KABUL par Yann Meyer

Sortant de nos reportages photographiques dans nos habituelles contrées, Yann Meyer nous offre un voyage dans un pays autrefois fort visité par les Européens maintenant un peu délaissé pour cause de conflits larvés, l’Afghanistan. Et pourtant que de sérénité se dégage de ses portraits !

AFGHANISTAN – KABUL par Yann Meyer

En mai 2010 je suis parti en Afghanistan dans l’idée, saugrenue, de trouver un boulot de bénévole dans une ONG. Pour ce projet j’ai fait chou-blanc. Mais cela m’a donné l’occasion de visiter pendant trois semaines un pays à la population incroyable.

Vous remarquerez sur les photos que les gens posent. C’est que je me promenais avec un appareil professionnel et non avec un simple smartphone. Donc j’étais visible comme photographe et les passants, jeunes et moins jeunes, étaient demandeurs de se faire tirer le portrait sans aucune contrepartie.

Il faut souligner aussi que j’étais probablement le seul occidental à se promener seul dans la ville depuis des décennies. Il n’y a pas de touristes et tous les expatriés se déplacent en véhicule avec chauffeur et garde du corps.

Les Afghans sont le peuple le plus généreux qu’il m’ait été donné de rencontrer. Leur sens de l’hospitalité, dont j’avais entendu parler avant mon départ, va au-delà de l’imaginable. Il m’a été difficile de faire un tri dans mes photos afin de ne pas lasser le lecteur. Dans ce premier envoi je me suis limité à Kabul et aux personnages, la ville elle-même n’étant pas d’un grand intérêt esthétique.

Voici Enayatullah, mon guide et « bodyguard », comme il disait, des premier jours. Il parlait un anglais assez correct et un peu de français. Et ne devait pas avoir plus de 14-15 ans.

Au parc « Shar-e-Now » au centre de Kabul : comme souvent dans ces pays il y a un monde fou un lundi en pleine journée. Qui donc travaille ? Ce vendeur d’amandes, émondées ou non, soulève ses « jupes » pour chercher « sa » bourse.

Au « Bagh-e Babur » (jardin de Babur), parc où est enterré le fondateur de l’empire Moghol ‘Babur’, ces deux frères (jumeaux ?) posent devant mon objectif, un peu dubitatifs sur mes intentions. Déjà le masque, mais ici plus pour la poussière que pour le Covid.

A défaut de pouvoir photographier son épouse au milieu des roses on fait avec ce qu’on a. La notion de masculinité n’est pas identique dans toutes les cultures.

Une des grandes activités du week-end : le combat de perdrix. Ça fait bien moins sérieux que des coqs et elles ont plus l’air de se bécoter que de se battre.

Des dizaines d’oiseaux, dans des cages recouvertes de tissus colorés, attendent leur tour.

Ce n’est pas de la morue séchée mais du pain

Un maitre et son élève en pleine discussion philosophique à l’ombre des chênes du parc.

Comme je le disais plus haut les signes de masculinité ne sont pas identiques partout.

Fier de ne rien faire.

Un mendiant assez joyeux devant les restes de la guest-house de la délégation grecque explosée à la bombe quelques mois plus tôt. Comme ma guest-house était à proximité il y avait peu de chance que je sois victime d’une autre bombe dans un avenir proche.

Vendeur de keffieh. Ces grands châles servent à tout. Se couvrir la tête, le visage, s’essuyer la sueur ou la bouche et les mains après avoir mangé, s’assoir par terre.

Les cireurs de chaussure, profession universelle des pays pauvres, commencent très jeune. La paire de tongues blanches au premier plan est à disposition des clients s’ils veulent être chaussés ou se déplacer pendant que leurs propres chaussures se refont une beauté.

Dans tout autre pays on m’aurait dit « passez votre chemin, il n’y a rien à voir ! ».

Au souk, le marchand de khôl. On m’a dit qu’ils s’en servaient sur les yeux pour se protéger du soleil.

Et pour finir une belle anecdote qui illustre l’hospitalité afghane. Je prenais des photos de la vitrine de ce pâtissier pleine de gros gâteaux crémeux et kitchs à l’occidentale (photo de gauche). Me sentant un peu coupable de prendre des photos et de ne rien lui acheter je suis entré dans la boutique qui heureusement proposait aussi des pâtisseries orientales (photo à droite en haut) et en pris 2 petits (je venais de déjeuner). Le jeune patron (photo à droite en bas) essaya de m’expliquer quelque-chose en Dari dont je n’ai compris qu’un mot « tchaï » (le thé). Il me proposait une tasse de thé comme c’est souvent le cas aussi dans les pays arabes. Il me fit assoir sur un tabouret. Je croyais qu’il avait un thermos prêt pour me verser une tasse. Non point. Il est parti chercher de l’eau pour la faire bouillir et me préparer un thé frais. Pendant que l’eau bouillait il me présenta 3 autres petites pâtisseries sur une assiette en carton. Saturé par un copieux petit-déjeuner à mon hôtel je me suis forcé, par politesse, à en manger 2 autres. Une fois ma tasse de thé ingurgitée je sors mon portemonnaie pour payer. Il me fait comprendre que je ne lui dois rien. Je lui ai offert un magnet de la Tour Eiffel en souvenir.

Ceci n’est qu’un exemple de ce que j’ai vécu en Afghanistan.

A suivre.

2 commentaires

  1. Très beau témoignage. Yann laisse-moi ici citer une phrase de Lévi-Strauss dans Tristes tropiques
    « je comprends la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l’illusion de ce qui n’existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l’accablante évidence que 20,000 ans d’Histoire sont joués »

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