
Les photos de Christian datées de 2013 sur les Akha birmans ont réveillé les souvenirs de voyage de 1987 de Chantal Pasquet chez les Akha de Thaïlande, et leur confrontation est intéressante à penser : guerres, conflits politiques frontaliers, développement du tourisme, etc…
Voyez l’envoi de Chantal :
Les Akha birmans de Christian sont beaucoup plus spectaculaires que ceux auxquels j’ai rendu visite en 1987 dans un petit village perdu de montagne du Triangle d’Or thaïlandais. En 1983 la population Akha de Thaïlande était de 7,000 âmes, aujourd’hui elle est estimée à 80,000.
Peuple semi-nomade, l’implantation d’un nouveau village n’est pas laissée au hasard : trois grains de riz recouverts d’un bol sont déposés au sol, si après quelque temps les grains ne se sont pas déplacé cela signifie, qu’à cet endroit, les esprits de la terre sont bienveillants. Par un autre rituel le prêtre du village laissera tomber un œuf cru de la hauteur de son oreille dans un trou peu profond creusé à cet effet, si l’œuf ne se casse pas on recherchera un endroit plus propice.
Les Akha se caractérisent par une profonde incorporation à leur arbre généalogique en apprenant par cœur les noms de leurs ancêtres masculins jusqu’au « commencement des êtres humains » ainsi que les routes de leurs migrations de Chine en Birmanie, puis en Thaïlande.

Le riz est mis à sécher sur les auvents des maisons sur pilotis. Les Akha pensent que le riz à une âme, aussi un champ ne doit jamais « regarder » un cimetière car l’âme du riz serait effrayée et abandonnerait le village.
Je n’ai pas retrouvé le nom du village qui change au gré des migrations et se détermine soit par une particularité géographique, soit par le patronyme de l’ancien ou l’actuel prêtre, toujours suivi du mot « Akha ».

Chaque année au Nouvel-An un des rituels les plus importants est celui du remplacement de la balançoire cérémonielle. Respectant sa construction selon la « manière Akha » le prêtre du village sera le premier à s’y élancer pour honorer les esprits des ancêtres afin qu’ils assurent une année prospère pour le village, et fertile pour les femmes et le riz.

La coiffure féminine comporte deux parties : une base composée d’un large bandeau décoré de monnaies d’argent, de boutons, de perles, surmontée d’une haute forme conique en bambou recouverte d’étoffe et décorée de pièces de monnaie, de perles, de plumes, de pompons, de fourrure de singe gibbon teinte en rouge, de petits miroirs, etc...
Les femmes mariées portent leur coiffure nuit et jour.

Certains enfants, les jumeaux ou tout enfant présentant une anomalie, sont considérés comme des « rejets humains » car en bouleversant l’équilibre du cosmos ils sont une menace pour la communauté. Ils doivent être rapidement étouffés et enterrés au plus profond de la forêt. Le couple doit construire une nouvelle maison à l’écart, tout en bas du village.

Lors de mon passage en 1987 le peuple Akka était en détresse – insécurité des villages frontaliers de la Birmanie avec ses guérillas ethniques et son trafic de drogue, appauvrissement des terres soumises à une culture sur brulis intensive, disparition du gibier -aussi se tournaient-t-ils de manière addictive vers la consommation d’opium – alors qu’ils le cultivaient peu par rapport à la Birmanie – et d’alcool.
Petite anecdote sur la dernière photo de Christian: sur la route notre chauffeur a écrasé un chien jaune, le village entier est sorti très en colère car ils élevaient particulièrement ces chiens pour les vendre aux Akha qui s’en régalaient en rôti… Une poignée de baths a réglé le problème…
PS : Désolée pour la très mauvaise qualité des clichés, ce sont des scans de mes photos argentiques sur papier Fujicolor (papier sur lequel beaucoup d’entre nous ont pesté à cause des dominantes grisâtres ou verdâtres des couleurs et de leur altération dans le temps).
Merci Chantal de ces photos et ces précisions sur le Akha qui font échos aux miennes. D’ailleurs on n’en a peut-être pas fini avec ce peuple que j’ai rencontré de nombreuses fois en Birmanie mais aussi au Laos et en Chine. Si Mariette l’autorise et si nos lecteurs ne s’en lassent pas on y reviendra…
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Merci Christian il me hâte de voir la suite et surtout ceux de Birmanie que je ne connais pas. J’aurais voulu suivre l’impact sur cette ethnie lorsque le gouvernement à tenté d’éradiquer la culture du pavot en la remplaçant par celle des fraises. Ce que j’en sais est que si les paysans ne s’y opposaient pas, les trafiquants n’ont pas été du même avis… le retour sur investissement n’était pas le même…
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