Cette fois nous partons avec Christian à la découverte des Huli, groupe remarquable à plus d’un titre comme vous allez le voir.
Photos (août 2008) et texte Christian travers
Les Huli qu’on appelle aussi Wigmen (hommes perruques) constituent un des peuples les plus emblématiques de la Papouasie. C’est pourquoi j’ai prévu de leur consacrer deux sujets. Le premier dans l’un des villages qu’ils occupent, à Kobé Tumbiali et le second à partir des rencontres de cette ethnie que nous avons pu faire à l’occasion du Payakuna show et du Hagen show en 2008 et 2017.
Vivre pendant quelques jours dans un village en lien permanent avec la population et assister à un festival sont deux choses très différents même si comme on le verra sur les photos suivantes, ce n’est pas parce qu’ils sont dans leur village que les Papous renoncent à se donner en spectacle pour faire plaisir aux touristes. Cela les amuse et leur emploi du temps est rarement pléthorique…
Ils vivent dans les Southern Highlands autour du bassin fertile de la petite ville de Tari et ils sont environ 30 000. On estime le nombre de langues en Nouvelle Guinée, rien que pour la partie orientale à 800 mais beaucoup d’habitants utilisent aujourd’hui, en complément, une langue commune à base d’anglais corrompu mâtiné d’allemand et de malais : le tok pisin.
Les guerres d’une vallée à l’autre, d’un clan à l’autre sont fréquentes. Les querelles, pour une femme (qui peut être infidèle), un cochon (qui peut dévorer les cultures d’un jardin), un terrain (dont l’attribution est discutée), passent rapidement d’un individu à un clan, de représailles à la vengeance puis à demande de réparation lorsque les choses se sont calmées. Les batailles obéissent à des règles strictes. Elles cessent le soir et reprennent le lendemain matin. S’il y a un ou plusieurs morts on arrête le combat, on recherche la paix ou du moins une trêve. Elle fait l’objet d’âpres négociations et l’indemnisation pour les dommages infligés s’évalue en nombre de cochons.
Les hommes dorment ensemble dans une case qui est interdite aux femmes. Celles-ci vivent dans des cases séparées avec leurs bébés, leurs filles, les jeunes garçons et parfois les cochons dont elles assurent la garde. En certaines circonstances l’ homme et la femme se rejoignent à l’abri des regards dans la forêt ou les jardins. Pendant les périodes menstruelles les femmes doivent se retirer dans une cabane isolée du village.
En signe de deuil, on se peint en blanc, on se recouvre de cendre, et l’on porte d’abondants colliers de graines de larmes de Job (coix lacrimae)
Les hommes ont toujours très soucieux de leur apparence. Il ne semble pas que ce soit le cas des femmes dont le mérite le plus apprécié parait être l’entretien du jardin et la récolte des légumes. Il se peut que par misogynie on les pousse à renoncer à se faire séduisante.
La nourriture repose principalement sur la patate douce (kaukau), le tarot, la farine du palmier sagoutier, les produits de la chasse et bien sûr, dans les grandes occasions le cochon.
Comme chez beaucoup de papous l’échange, le don et le contre don, la compensation, jouent un rôle central dans la société huli. La générosité est le socle de la reconnaissance sociale. Cela vaut aussi bien de personne à personne qu’entre les groupes sociaux. A cet égard le porc est d’une richesse incomparable. Il permet de payer la dote des jeunes filles, d’apaiser un diffèrent, de compenser une offense. Avec les cochons on achète les femmes, avec plusieurs femmes, on cultive plus de terres, avec celles-ci on peut nourrir plus de cochons et donc on acquiert plus de pouvoir.
Les bigmen ne tiennent pas leur autorité de façon héréditaire ni par le vote. Elle se mérite, se reconnait. Elle dépend des qualités physiques et morales de la personne, de son habileté guerrière, de son esprit de justice, et surtout de la générosité dont elle fait preuve. La capacité à convaincre et à résoudre les conflits sont aussi des atouts essentiels .
A partir d’une dizaine d’années, les adolescents intègrent une iba giya pour le culte haroli. C’est une école huli dissimulée dans la jungle, où on commence à recevoir sous l’autorité de plusieurs anciens l‘igiri more, les règles qui régissent la société huli. Les cheveux de jeunes font alors l’objet de tous les soins. Pour favoriser leur pousse Il faut les arroser, matin midi et soir. Le maître de cérémonie humidifie le cuir chevelu en psalmodiant des incantations magiques. Il introduit parmi les cheveux des feuilles de padi qui ont pour vertu de stimuler la pousse. Après de nombreuses années, la chevelure est coupée au raz du crâne et elle servira, après qu’elle sera savamment décorée, de couvre-chef. Ainsi on reconnaîtra l’initié. Il pourra parader au milieu de ses collègues adultes et espérer séduire une femme.

















toujours une merveille ! admiration !!!
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